– Les Éditions de l’Homme, 2016 ;
240 p. ISBN 978-2-7619-4641-4
Lu du 8 au 28 février 2017
Mon vote:
De ce livre, mes amis Francine et Claude
m’avaient parlé avec enthousiasme un soir, devant une tasse de thé au
Centre-Ville de Montréal, pendant qu’on attendait voir un film… roumain, auquel
c’étaient eux qui m’avaient invitée, car il y a toujours un désir d’échange culturel
entre nous – eux, ils veulent apprendre plus sur mon pays d’origine, moi sur le
leur, qui peu à peu est devenu aussi le mien. Le lendemain, quand on s’est
rencontrés de nouveau, cette fois chez eux, ils me l’ont prêté volontiers et, malgré le
grand nombre de statistiques, la lecture n’a pas du tout été ennuyeuse, au contraire,
grâce à l’approche facile que les auteurs ont su donner à leur sujet.
D’ailleurs, le premier d’entre eux,
Jean-Marc Léger, est le créateur de la plus grande firme de sondage canadienne,
tandis que Jacques Nantel est professeur émérite dans le domaine de marketing à
HEC (École des hautes études commerciales de Montréal) et quant à Pierre
Duhamel, il est un journaliste spécialisé en économie et en affaires. Avec un
tel trio, les résultats ne pouvaient être que les meilleurs.
L’étude est bâti sur deux prémisses: d’une
part qu’il y a beaucoup de différences entre les Québécois et le reste du Canada
(même si les Québécois mêmes ne sont pas du tout homogènes, mais groupés en
sept groupes distinctes : les francophones et non francophones de
Montréal, les 450, la région de Québec, la région frontalière américaine et
ontarienne, les régions ressources et rurales, et les Premières Nations) et d’autre
part qu’il y a, dans l’âme québécois, une fusion originale de trois
cultures : anglaise (par coutumes et institutions politiques), française
(dans le domaine de la langue, de la culture et de l’affectif) et américaine
(dans la façon de parler, d’agir, de consommer et de faire des affaires) :
« Essentiellement, les Québécois sont
des Français modestes, des Anglais enjoués et des Américains pacifiques. »
Pour démontrer ces deux prémisses, les
auteurs ont fait plusieurs sondages afin de trouver la clé pour ouvrir
« les cœurs, la tête et même les portefeuilles des Québécois » car, pour connaître la
satisfaction personnelle et/ou professionnelle dans ce coin, tout étranger doit
savoir « craquer le code Québec ». Celui-ci est apparemment formé de
sept traits identitaires qui forment l’ADN des Québécois et les transforment
dans un peuple « unique au monde » :
1.
Ils sont heureux (de vrais
« francofuns »), même plus heureux que le reste du Canada (88% par
rapport au 77%) qui en 2015 détenait la 5e place parmi les pays avec
les gens le plus heureux au monde :
« Les Québécois sont de bons vivants
qui privilégient le plaisir avant tout. Les Canadiens anglais et même les
Américains associent, à juste titre, le Québec à la fête, au sens de l’humour
et à tous les plaisirs hédonistes, de la table à la chambre à coucher. La
« joie de vivre » est au cœur de la différence québécoise. »
2.
Ils sont consensuels, c’est ici que le terme accommodement raisonnable est né, car
ils évitent les confrontations à tout prix. La tolérance dont la société
québécoise fait preuve est la conséquence des règles sociales construites
autour du « gros bon sens ».
3.
Ils sont détachés, ils
aiment plutôt parler qu’agir et trouvent du confort dans l’ambiguïté, ou, comme
disent les auteurs dans une excellente trouvaille, ils sont « le people de
l’extrême centre », pour lesquels « il est urgent d’attendre. »
4.
Ils font les victimes,
peut-être à cause de la peur de l’échec qui les amène à chercher la faute non
dans eux-mêmes mais à l’externe – soit le gouvernement, les Anglais, le
syndicat, etc.
« Les Français voient l’échec comme
une fin en soi, alors que les Américains
le voient plutôt comme l’occasion d’apprendre et de recommencer. Les
Québécois passent rapidement de l’optimisme américain au fatalisme
français. »
5.
Ils sont des villageois au cœur, dans lesquels l’esprit du clocher est encore vivant, c’est-à-dire
ils ont un esprit fraternel et paroissial, qui expliquerait, entre autres, leur
tutoiement facile. D’ailleurs, Montréal était nommé autrefois la ville des 100
clochers.
« Un vieux proverbe africain
dit : « Ça prend un village pour élever un enfant. » Au Québec,
ça prend plusieurs villages pour élever une nation. »
6.
Ils sont très créatifs, en
exportant leur génie partout au monde. Par exemple, c’est Antonio Lemaire qui a
fondé l’entreprise de récupération de déchets et de préparation de fibre de
pâte recyclée à partir du mélangeur de sa femme ; c’est Alphonse
Desjardins qui a créé la coopérative d’épargne et de crédit des ouvriers et
agriculteurs ; et c’est Joseph-Armand Bombardier qui a inventé l’autoneige
après avoir perdu son enfant qu’il n’a pu transporter à l’hôpital à cause d’une
tempête de neige.
Dans leur ADN la créativité à la française
se combine à la merveille avec le team
spirit anglo-saxon et l’efficacité américaine :
« Il y a, dans nos racines, un
amalgame de folie latine, d’énergie américaine et de ténacité nordique. »
7.
Ils sont fiers de
leur esprit d’entrepreneurs :
« Certains diront que les Québécois
sont trop fiers et d’autres qu’ils ne le sont pas assez. Car la fierté n’a pas
de juste milieu. Les Québécois ne se sentent ni supérieurs ni inférieurs.
Les Québécois sont surtout fiers de leurs
différences. »
A la fin du livre, le code Québec est
représenté par une image puissante et significative qui fait les connexions
entre les sept traits :
…sans
oublier de nous mentionner qu’il y a quand même un axe dominant qui change
d’une génération à l’autre :
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