Wednesday, March 8, 2017

Jean-Marc Léger, Jacques Nantel et Pierre Duhamel – "Le code Québec. Les sept différences qui font de nous un peuple unique au monde"

 – Les Éditions de l’Homme, 2016 ; 240 p. ISBN 978-2-7619-4641-4



Lu du 8 au 28 février 2017
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De ce livre, mes amis Francine et Claude m’avaient parlé avec enthousiasme un soir, devant une tasse de thé au Centre-Ville de Montréal, pendant qu’on attendait voir un film… roumain, auquel c’étaient eux qui m’avaient invitée, car il y a toujours un désir d’échange culturel entre nous – eux, ils veulent apprendre plus sur mon pays d’origine, moi sur le leur, qui peu à peu est devenu aussi le mien. Le lendemain, quand on s’est rencontrés de nouveau, cette fois chez eux,  ils me l’ont prêté volontiers et, malgré le grand nombre de statistiques, la lecture n’a pas du tout été ennuyeuse, au contraire, grâce à l’approche facile que les auteurs ont su donner à leur sujet.

D’ailleurs, le premier d’entre eux, Jean-Marc Léger, est le créateur de la plus grande firme de sondage canadienne, tandis que Jacques Nantel est professeur émérite dans le domaine de marketing à HEC (École des hautes études commerciales de Montréal) et quant à Pierre Duhamel, il est un journaliste spécialisé en économie et en affaires. Avec un tel trio, les résultats ne pouvaient être que les meilleurs.


L’étude est bâti sur deux prémisses: d’une part qu’il y a beaucoup de différences entre les Québécois et le reste du Canada (même si les Québécois mêmes ne sont pas du tout homogènes, mais groupés en sept groupes distinctes : les francophones et non francophones de Montréal, les 450, la région de Québec, la région frontalière américaine et ontarienne, les régions ressources et rurales, et les Premières Nations) et d’autre part qu’il y a, dans l’âme québécois, une fusion originale de trois cultures : anglaise (par coutumes et institutions politiques), française (dans le domaine de la langue, de la culture et de l’affectif) et américaine (dans la façon de parler, d’agir, de consommer et de faire des affaires) :

« Essentiellement, les Québécois sont des Français modestes, des Anglais enjoués et des Américains pacifiques. »

Pour démontrer ces deux prémisses, les auteurs ont fait plusieurs sondages afin de trouver la clé pour ouvrir « les cœurs, la tête et même les portefeuilles  des Québécois » car, pour connaître la satisfaction personnelle et/ou professionnelle dans ce coin, tout étranger doit savoir « craquer le code Québec ». Celui-ci est apparemment formé de sept traits identitaires qui forment l’ADN des Québécois et les transforment dans un peuple « unique au monde » :

1. Ils sont heureux (de vrais « francofuns »), même plus heureux que le reste du Canada (88% par rapport au 77%) qui en 2015 détenait la 5e place parmi les pays avec les gens le plus heureux au monde :

« Les Québécois sont de bons vivants qui privilégient le plaisir avant tout. Les Canadiens anglais et même les Américains associent, à juste titre, le Québec à la fête, au sens de l’humour et à tous les plaisirs hédonistes, de la table à la chambre à coucher. La « joie de vivre » est au cœur de la différence québécoise. »

2. Ils sont consensuels, c’est ici que le terme accommodement raisonnable est né, car ils évitent les confrontations à tout prix. La tolérance dont la société québécoise fait preuve est la conséquence des règles sociales construites autour du « gros bon sens ».

3. Ils sont détachés, ils aiment plutôt parler qu’agir et trouvent du confort dans l’ambiguïté, ou, comme disent les auteurs dans une excellente trouvaille, ils sont « le people de l’extrême centre », pour lesquels « il est urgent d’attendre. »

4. Ils font les victimes, peut-être à cause de la peur de l’échec qui les amène à chercher la faute non dans eux-mêmes mais à l’externe – soit le gouvernement, les Anglais, le syndicat, etc.

« Les Français voient l’échec comme une fin en soi, alors que les Américains  le voient plutôt comme l’occasion d’apprendre et de recommencer. Les Québécois passent rapidement de l’optimisme américain au fatalisme français. »

5. Ils sont des villageois au cœur, dans lesquels l’esprit du clocher est encore vivant, c’est-à-dire ils ont un esprit fraternel et paroissial, qui expliquerait, entre autres, leur tutoiement facile. D’ailleurs, Montréal était nommé autrefois la ville des 100 clochers.

« Un vieux proverbe africain dit : « Ça prend un village pour élever un enfant. » Au Québec, ça prend plusieurs villages pour élever une nation. »

6. Ils sont très créatifs, en exportant leur génie partout au monde. Par exemple, c’est Antonio Lemaire qui a fondé l’entreprise de récupération de déchets et de préparation de fibre de pâte recyclée à partir du mélangeur de sa femme ; c’est Alphonse Desjardins qui a créé la coopérative d’épargne et de crédit des ouvriers et agriculteurs ; et c’est Joseph-Armand Bombardier qui a inventé l’autoneige après avoir perdu son enfant qu’il n’a pu transporter à l’hôpital à cause d’une tempête de neige.

Dans leur ADN la créativité à la française se combine à la merveille avec le team spirit anglo-saxon et l’efficacité américaine :

« Il y a, dans nos racines, un amalgame de folie latine, d’énergie américaine et de ténacité nordique. »

7. Ils sont fiers de leur esprit d’entrepreneurs :

« Certains diront que les Québécois sont trop fiers et d’autres qu’ils ne le sont pas assez. Car la fierté n’a pas de juste milieu. Les Québécois ne se sentent ni supérieurs ni inférieurs.
Les Québécois sont surtout fiers de leurs différences. »


A la fin du livre, le code Québec est représenté par une image puissante et significative qui fait les connexions entre les sept traits :


…sans oublier de nous mentionner qu’il y a quand même un axe dominant qui change d’une génération à l’autre : 

   

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